Le sol se craquèle comme la peau de cette vieille femme qui guette, près de sa tente. D’un œil distrait, elle surveille sa bête de somme qui paisse les quelques buissons épineux qu’offre la nature aride. De grosses gouttes de sueurs roulent depuis le foulard qui recouvre sa tête. Il fait chaud, on étouffe. Aucune brise ne vient à la rescousse des corps enfiévrés, des peaux burinées. Par delà l’avant-poste, le désert s’étend. Magnifique, immense et impitoyable. Les prédateurs rôdent et n’hésiteront pas, à la première impression de faiblesse, de fondre sur les inconscients qui s’y rendraient. Pourtant, les hommes intrépides osent risquer leur vie dans la vallée des Vents pour gagner la mine d’Heisenbergium, le minerai le plus précieux de Nodawn. N'est-ce pas folie, avec ce soleil qui ne fait jamais ses nuits ?

La lune éclaire faiblement le sol pierreux. Mousses et champignons se plaisent malgré le climat glacial. Certains d’entre eux forment des structures verticales et blafardes, d’autres préfèrent s’étendre comme des filets. Il y en pour tous les goûts. L’un d’entre eux couine ; vous vous agenouillez. Il suffit que vous approchiez votre main pour que la peau humide qui le compose frémisse et secrète une substance gluante. Les sucs digestifs brûlent vos doigts. Il ne faut pas oublier que les animaux, même colorés, peuvent être redoutables. Heureusement, au loin, la structure de la Termitière émerge du brouillard matinal. Une prise de drogue, et vous ne sentirez plus rien. D’ici quelques jours, vous pourrez reprendre votre marche vers la frontière.