NSS Schrödinger
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 Minsk

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Minsk
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Minsk


Messages : 9
Date d'inscription : 25/09/2011

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MessageSujet: Minsk   Minsk I_icon_minitimeJeu 10 Nov - 21:15



L'homme avait tout de suite su que ce serait un jour sans, et, dès le réveil, son intuition n'avait fait que de se confirmer. À Ramah, il n'était pas le bienvenue, lui, l'éstrangeur. Devant ses pieds encore douloureux de la veille, une crevasse serpentait le long de la roche sablonneuse, ouverte là à cause de la chaleur. Petit à petit, l'haleine de braise du géant du désert fendillait la terre qui se segmentait en conglomérat desséchés. Pas la moindre petite touffe d'herbe à l'horizon, rien que le désert aride balayé par le vent.

Minsk entreprit de ranger sa tente. Il replia l'étoffe prématurément usée par le climat et l'enfouit dans son sac. Sous ses bandelettes humectées d'un épais liquide collant, il était nu, et celles-ci collaient à sa peau en formant une couche élastique et protectrice. Ses doigts, eux, par contre, étaient striés de marbrures. À force, l'habitude aidant, la sensibilité du jeune homme au niveau de ses mains avait disparu. Parfois ce n'était pas pratique, lorsqu'il devait exécuter un travail de précision par exemple, mais jusqu'à présent il n'avait pas trop pu s'en plaindre.

Une fois son pacquage prêt, confortablement calé contre son épaule, Minsk se détendit. Une nouvelle journée s'annonçait, sans doute tout aussi chaude que la précédente, mais ma foi sûrement pas si terrible. Pourtant, quelque chose lui soufflait à l'oreille qu'il était en train de se passer quelque chose.

D'ailleurs, avait-il bien tout sur lui ?

Et là, il se rappela de n'avoir pas entendu, comme de coutume, le joyeux miaulement de son meilleur ami au réveil, ni d'avoir senti ses poils contre sa joue, même s'il était persuadé qu'encore une fois, il était venu se coucher contre l'arrière de son crâne durant son sommeil. Où était passé Schrödinger ?

Au loin, un enfant buriné par le soleil l'observait, l’œil torve et le sourire un peu vicelard. Encore une saleté de gamin de Ramah : leurs parents leur bourraient le crâne de cette fameuse berceuse sur les éstrangeurs : tous porteurs de syphilis, drogués, voleurs, égoïstes, ayant des relations non conventionnelles avec les Termites ou gaspilleurs de ressources. Les vices suprêmes. Hélas, jusqu'à présent, ils faisaient vivre l'avant-poste en ramenant des denrées essentielles ; on ne pouvait pas décemment les virer dans le désert s'ils se comportaient bien.

Pour des cas d'urgence comme le sien, le village se réunissait et recensait toutes les lois racistes les plus improbables dans le but de trouver un prétexte, n'importe lequel, pour virer l'éstrangeur. Le plus d'éstrangeurs possible. Tous si ça l'était, mais fallait pas toucher aux marchands. Or Minsk n'avait rien d'un marchand.

Aussi Minsk sentit-il son cœur se serrer lorsqu'il pensa à Schrödinger, et de quoi ces fous-furieux de racistes du désert étaient capables. Il imaginait la peau de son chat tannée avec grand soin, comme ces morts-nés dont on ramassait les dents pour en faire des fétiches porte-bonheur. Son pauvre matou, au pelage si doux, transformé en étui pour kriss. Il ne resterait de son corps plus un gramme d'utile ; mêmes ses tendons seraient utilisés comme fil pour recoudre des plaies ou des vêtements. Misère...

C'est ainsi que l'homme, bien décidé à faire entendre son point de vue et à ce qu'on lui rende son chat (si c'était encore possible), entra dans le seul troquet de Ramah. L'heure était matinale, mais déjà les trois quart des soûlards du patelin s'y trouvaient. Et autant dire qu'ils n'apprécièrent pas qu'un éstrangeur de son acabit pénètre leur sanctuaire sans baisser le regard, et encore moins qu'il hausse la voix, et encore moins qu'il ose insinuer qu'un Ramahois soit capable de voler le chat d'un autre. D'ailleurs, rien que pour les cheveux bleus on aurait dû l'immoler ; encore un métissage ignoble avec un Termite, pour sûr.

Lorsqu'il ressortit cinq minutes plus tard, Minsk était poursuivi par six bouseux édentés dont les frusques prenaient la poussière derrière eux. Les haches rudimentaires dont ils étaient armés et qui fendaient le ciel achevèrent de convaincre le jeune biologiste qu'il vaudrait mieux pour lui se faire oublier un moment.

— Au fumoir l'éstrangeur ! (manière locale assez polie pour insinuer que votre chair serait plus profitable à la communauté une fois salée et entreposée dans les réserves de la tribu).
— Les yeux pour les corbeaux !
— Chiure de macaque d'oasis !
— Ingrat de peau-blanche !
Et pour couronner le tout, l'imagé, très courant et éminemment approprié :
— Éjaculât de dromadaire boiteux !

Minsk traversa tout le village, sauta par-dessus un tonneau éventré pour terminer sa course, comme un con, au milieu de la route. Évidemment, avec tout le tapage que ses nouveaux meilleurs ennemis avaient fait, il était impossible pour lui de conserver une réputation neutre. Déjà, dans les chaumières, les ménagères brandissaient leurs casseroles gondolées qu'elles frappaient sur leurs torses. Devant le papier des fenêtres, les ombres de leurs chiourmes se rapprochaient, preuve que ces fouinards ne voulaient pas en perdre une miette. Minsk aurait juré qu'une âcre odeur comparable au musc de Tarabéryne était étalé sur la place centrale du village.

Éstrangeur, au fourneau !
Oui, décidément un mauvais jour. En plus, ça leur donnerait l'occasion de ne même pas le payer pour ses services rendus à la communauté. Vraiment de sacrés bouffeurs de chat par ici. Le désert rend sec.

Et là, à quelques mètres, une étrange forme familière se tenait à l'ombre d'un porche, une silhouette fuselée et gracile, un corps empreint de langueur. En clair : un matou qui prenait le soleil.

La sang de Minsk ne fit qu'un tour dans ses veines. Essoufflé et hagard, obligé d'abandonner son bivouac temporaire, il aurait pu rester ainsi, ému, au milieu de la poussière, si, au loin, les velléités meurtrières des six alcooliques ne l'avaient pas rappelé au monde des lucides.

Ni une ni deux, il prit le chat sous le bras, comme il avait coutume de le faire, et s'enfonça dans le désert. La brave bête essaya bien de griffer son maître, mais celui-ci était si stressé qu'il ne le lâcherait pas avant un moment. À la limite de Ramah, six hommes partageaient leur hilarité. Derrière eux, c'était tout l'avant-poste qui riait.

Et un de moins ! devaient-ils se dire, satisfaits, en se frottant les mains.

Heureusement, Minsk avait rempli sa gourde, car le chemin serait long avant de retourner à Crépuscule (il n'avait plus le choix désormais). S'il se dépêchait, il pouvait réussir à atteindre le tertre en fin de soirée, et ainsi bénéficier d'une nuit en sécurité. Sinon... hé bien il faudrait aviser !
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